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CYCLO SPORT CIOTADEN
5 mai 2008

ALBERT LONDRES

HOMMAGE AUX "FORCATS DE LA ROUTE"

maurice_garin

Le grand champion Maurice Garin vient de franchir victorieux la ligne d'arrivée du Paris-Brest 1901 devant des tribunes vides et dans l'indifférence générale: il est allé si vite que personne ne l'attend à l'arrivée!

illust_hist« Quand ils gravissaient l’Izoard et le Galibier, ils ne semblaient plus appuyer sur les pédales, mais déraciner de gros arbres. Ils tiraient de toute leur force quelque chose d’invisible, caché au fond du sol, mais la chose ne venait jamais. Ils faisaient : « Hein ! Hein ! », comme les boulangers la nuit devant leur pétrin.
Je ne leur parlais pas ; je les connais tous, mais ils ne m’auraient pas répondu. Quand leur regard rencontrait le mien, cela me rappelait celui d’un chien que j’avais et qui, avant de mourir, en appelait à moi de sa peine profonde d’être obligé de quitter la terre. Puis ils baissaient de nouveau les yeux et s’en allaient, courbés sur leur guidon, fixant la route, comme pour chercher à savoir si les gouttes d’eau qu’ils semaient étaient de la sueur ou des larmes ».

Albert LONDRES, Les forçats de la route, Arléa.

Albert Londres, grand reporter du Petit Parisien et néophyte de la Grande Boucle, a trouvé en 1924 l'expression qui colle encore au cuissard des lointains successeurs des frères Henri et Francis Pélissier, les "forçats de la route".
A Coutances (Manche), le journaliste célèbre pour son reportage sur le bagne de Cayenne voit les deux frères attablés avec Maurice Ville. Esprits rebelles, forts en gueule, ils viennent d'abandonner un Tour dominé par l'Italien Ottavio Bottecchia.
Henri, le vainqueur de l'édition précédente, s'est pris de bec avec le directeur du Tour Henri Desgrange pour un article du règlement lui interdisant d'enlever un maillot pendant la course.
"Vous n'avez pas idée de ce qu'est le Tour de France: c'est un calvaire. Et encore, le chemin de croix n'avait que quatorze stations tandis que le nôtre en compte quinze. Nous souffrons du départ à l'arrivée. Voulez-vous voir comment nous marchons ? Tenez..."
De son sac, il sort une fiole: "Ca, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça, c'est du chloroforme pour les gencives... Et des pilules !". "Bref, dit Francis, nous marchons à la dynamite".
Dans son envolée finale, Henri Pélissier touche au sublime de la littérature sportive: "Ce que nous ne ferions pas faire à des mulets, nous le faisons. (...) Un jour viendra où l'on nous mettra du plomb dans les poches parce qu'on trouvera que Dieu a fait l'homme trop léger."

1924: les forçats de la route

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